Que dire de cette semaine ?
A l'école, on s’entraînait à se cacher. Pour les non-enseignants: depuis 2015, en plus des exercices d'alerte incendie, alerte tempête, tremblements de terre et autres catastrophe naturelles, nous devons aussi "entraîner les enfants à réagir en cas d'intrusion dans l'école". Comme ils sont petits, on leur apprend à jouer à cache-cache. Ils trouvent ça drôle en général, et en redemandent. Nous, les adultes, on aime moins ça, et on fait tout pour ne pas penser à ce qui arriverait "en vrai"...
Ce vendredi-là, on avait joué à ça, on en avait reparlé avec ma collègue à la pause, en mode "Tu ferais quoi, toi ? " "On ne peut jamais savoir...""Qui rentrerait dans une école pour tuer, de toute façon ?".
On ne savait pas non plus qu'au moment où on on faisait semblant, à Arras, c'était pour de vrai.
J'ai vu ça en rentrant. Stupéfaction. Incompréhension. Colère. Tristesse. Peur.
Et colère... Encore ! Pourquoi ? Qui encore ?
Et ailleurs, les infos ne valaient pas mieux... qui est le pire, entre celui qui celui qui cache son QG sous un hôpital et celui qui le bombarde ?
Bref. Je suis retournée en classe le lundi, un pull-arc-en-ciel par-dessus ma chemise noire. On a fait les activités habituelles, et même mieux, parce que c'était la semaine du goût et qu'on avait prévu plein de trucs sympas, comme goûter du chou-fleur et renifler du basilic. On a aussi écouté "Imagine" à l'heure de la minute de silence, qui tombait pile au moment de l'écoute musicale.
Et je ne sais pas bien si c'est moi qui ai protégé les enfants de la noirceur du monde ou si ce sont eux qui m'ont portée...